Bulletin Climatique Annuel - 2024

Synthèse annuelle de la station de référence du Lamentin

Température

À la station de référence du Lamentin, la température moyenne annuelle arrive au 1ᵉʳ rang des années les plus chaudes depuis 1965 :

– 28,3°C en 2024
– 27,7°C en 2010
– 27,6°C en 2023
– 27,5°C en 2016
La tendance haussière des températures au cours des dernières décennies semble se confirmer. La température moyenne annuelle est la 16ᵉ consécutives plus chaude enregistrée.

Saison cyclonique

Quelques chiffres :
18 phénomènes cycloniques nommés sur les bassins Atlantique et Caraïbes.           
7 tempêtes tropicales.
11 ouragans dont 5 majeurs.
1 système tropical potentiel (n° 8)  Elle n’a toutefois pas acquis toutes les caractéristiques d’un cyclone avant d’atteindre la côte est des États-Unis. Elle n’est donc pas comptabilisée en tant que cyclone dans le bilan de cette saison.
L’activité cyclonique se révèle donc supérieure à la normale.
 (cf. Activité cyclonique en page 3).

Pluviométrie

Après un mois de janvier marqué par des précipitations plus qu’excédentaires sur l’ensemble du territoire ; le mois de février se distingue par un manque de pluie plus ou moins marqué sur l’île. Le territoire connaît une pluviométrie partagée en mars et pauvre en avril. Mai reste largement déficitaire sur le territoire. Juin et juillet, notamment, marquent le retour de la saison pluvieuse avec un cumul excédentaire sur tout le territoire. La situation hydrique demeure normale en août puis excédentaire en septembre. Octobre est déficitaire, sauf sur quelques postes au nord et au St-Esprit. Novembre est à nouveau excédentaire. Décembre est à la norme ou excédentaire sauf dans le nord Caraïbe où il manque 20%.

En termes de quantité de pluies, comme d'habitude, le nord est plus arrosé que le sud : 3000 à 4500 mm au nord pour 1500 à 2500 sur le sud. La station la plus arrosée est Morne Rouge avec 4440 mm ; la moins arrosée est Petite Anse avec seulement 1171 mm.

Pluies remarquables

Sècheresse : de février à mai, les précipitations sont déficitaires ou mal réparties (février et mars). Il en résulte un manque d'eau significatif de la seconde quinzaine de mars à la mi-mai. À partir de juin, les pluies sont plus abondantes qu'attendues ou conformes, ce qui place l'année 2024 à l'équilibre hydrique.

Pluies :

- Le 19 avril, 70 mm en 3 h sont relevés à Mare Capron suite à un orage très localisé.

- Entre le 29 juin et le 2 juillet, le passage de l'Ouragan Béryl donnera 203 mm à Fond-St-Denis, et 48 mm en 1 h à Colson.

- Le 25 août, le passage de l'onde tropicale 35 apportera 73 mm en 6h au Lamentin.

- Le 9 septembre, en 12h, les relevés les plus importants varient de 115 à 126 mm de Rivière Pilote à Ste-Marie.

- Entre le 25 et le 26 octobre, une situation de panne d'alizé donnes des cumuls de 70 à 175 mm, avec 61 mm en 1h enregistrés à Macouba.

- Le 4 octobre, une situation de panne d'alizé arrose le Gros Morne de 63 mm en 2 h, et le 15 novembre 96 mm en 2 h.

- Le 27 novembre, 105 mm sont enregistrés en 6 h aux Salines.

Vent

Au Lamentin, comme partout sur l'ile, janvier est plus ventilé que de coutume, suivit de février moins soutenu. Le reste de l'année, le vent moyen sur l'ile est quasi conforme aux normales. Le vent est généralement légèrement inférieur aux normales à partir de juin en raison de très nombreuses pannes d'alizé.  Le mois le plus ventilé de l'année est janvier au Vauclin, à contrario, septembre est le mois où le vent a été le moins soutenu. Au Vauclin les vents dominants étaient de secteur sud-est ou est-sud-est (voir rose des vents plus loin). Au Lamentin, c'est le secteur sud-est qui domine largement.

La rafale maximale enregistrée en 2024 a eu lieu au Lorrain lors du passage d'une cellule orageuse qui a longé la côte du sud vers le nord au-dessus de l'océan : 141 km/h le 26 novembre.

Vitesses maximales

127 km/h de sud-Est à Fond-St-Denis, le 1ᵉʳ juillet
99 km/h d'est au Vauclin, le 1ᵉʳ juillet
83 km/h d’est à Desaix, le 3 juillet
91 km/h de sud-est au Lamentin, le 1ᵉʳ juillet
93 km/h d’est à St-Joseph, le 7 novembre
100 km/h de sud à Trinité, le 1ᵉʳ juillet
141 km/h d'est au Lorrain, le 26 novembre

Activité Cyclonique

Démarrage de la saison le 17 juin dans le golfe du Mexique, premier signal d’une saison qui s’avérera particulièrement active sur l’ouest du bassin. Trois systèmes sont recensés au cours du mois de juin (ALBERTO, BÉRYL et CHRIS). Au-delà du nombre important de cyclones pour un mois de juin, c’est la formation de BÉRYL qui fera de juin un mois exceptionnellement actif. En effet, BÉRYL s’est formé à l’est des Antilles, puis s’est intensifié très rapidement avant de transiter sur le sud des Petites Antilles en tant qu’ouragan majeur de catégorie 4. Cette situation est inédite et a été rendue possible par les températures de surface de la mer anormalement chaudes et des conditions atmosphériques favorables sur le sud de l’atlantique tropical à cette époque de la saison.

Juillet se caractérise par une absence de formation cyclonique, ce qui est inhabituel.

Début août, l’activité reprend temporairement avec la formation de deux ouragans (DEBBY et ERNESTO). Puis le bassin bénéficie d’une nouvelle accalmie pendant quasiment 3 semaines. À cette période de la saison cyclonique, cette seconde période d’accalmie est également inhabituelle.

Début septembre, l’activité cyclonique reprend de l’ampleur et se maintient de façon quasi continue jusqu’à la mi-novembre. Durant cette période, la région connaîtra la formation de 5 tempêtes tropicales et 8 ouragans dont seulement 3 ouragans sur l’atlantique bien à l’est de l’arc antillais avec des trajectoires très au nord aboutissant à proximité de l’archipel des Açores.

En conclusion, cette saison se singularise par un démarrage intense et précoce, une fin de saison qui s’opère tardivement en novembre, deux périodes d’accalmie statistiquement inhabituelles et un nombre important de cyclones qui ont réussi à atteindre la catégorie d’ouragan.

BÉRYL

Il est le premier cyclone ayant réussi à atteindre le stade d’ouragan de catégorie 4 à l’est des Antilles aussi tôt dans une saison cyclonique (le 30 juin 2024). C’est également l’ouragan de catégorie 5 le plus précoce jamais observé sur tout le bassin. Pour finir, il s’est intensifié à une vitesse particulièrement rapide (42 h pour passer du stade de dépression tropicale à celui d’ouragan majeur).

Avec un passage de BÉRYL à plus de 200 km au sud de la Martinique, c’est le risque de vagues-submersion pour les littoraux sud et caraïbe de la Martinique qui était particulièrement important. En conséquence, le niveau orange a été déclenché pour ce paramètre. En effet, BÉRYL a généré une forte houle qui a occasionné de nombreux dégâts sur ces littoraux (bateaux échoués, rues et structures situées en bord de littoral submergées et des habitations qui ont du être évacuées).

Températures

L'année la plus chaude jamais enregistrée en Martinique.

Au Lamentin, 8 mois de l'année sont les plus chauds jamais enregistrés. Mars 2024 est en seconde position après mars 2010. Septembre est le plus chaud à égalité avec 2023, comme décembre avec 2015,2019 et 2021. La température moyenne annuelle au Lamentin est de 28,3°C, c'est l'année la plus chaude depuis le début des mesures. L'écart avec le précédent record est significatif, +0,6°C (27,7 en 2010). Les autres stations de références réagissent toutes de la même façon. Les températures moyennes annuelles sont les plus élevées jamais enregistrées. Les écarts avec le précédent record varient de l'égalité à +1.2°C :

Ces températures élevées sont à mettre en partie sur le compte du réchauffement climatique, mais il y a d'autres paramètres à prendre en compte. Notamment, un début d'année sous l'influence de l'ENSO positive, El Niño, qui revient à la neutralité en fin de premier semestre, avec un passage en Niña faible en fin d'année, et qui n'a donc pas influencé les températures à la baisse. Il faut également rajouter les effets de saisonnalité parfois, mais aussi les situations quotidiennes comme les nombreuses pannes d'alizés qui favorisent les montées de température.

Ensoleillement

La majorité des mois de l’année connaissent une durée d’ensoleillement supérieur à la norme. Février, mars, septembre et novembre sont ensoleillés conformément aux attentes. Seul le mois d'août est moins lumineux qu'à l'habitude. La durée d'ensoleillement cette année au Lamentin est de 2645,3 heures, c'est 0,4 heure de moins que 2023, l'année la plus ensoleillée depuis le début des mesures.

À noter que les jours de brume de sable furent cette année au nombre de 69, c'est plus de deux fois plus que l'an passé. Plus de 50% de ces épisodes de poussières sahariennes ont concerné le trimestre mai-juin-juillet.