Cyclone Activité cyclonique sur le bassin Atlantique durant la saison 2025

Météo-France

Bilan de l'activité cyclonique de la saison 2025 sur le bassin Atlantique

02/12/2025

L'activité cyclonique observée cette année s'est révélée être bien en dessous de la moyenne de ces 20 dernières années. De plus, étonnamment, il a été remarqué l’absence de phénomènes cycloniques durant le pic statistique de la saison (début du mois de septembre). En revanche, le ratio d’ouragans majeurs par rapport au nombre total des phénomènes est assez remarquable cette année.

Synthèse

En mai, peu avant le démarrage de la saison cyclonique 2025, l’activité cyclonique sur le bassin atlantique était prévue être sensiblement supérieure à la normale des années 1991-2020, mais restait proche des moyennes des 10 dernières années. La moyenne des prévisions des différents instituts tablait pour :

  • 16 phénomènes cycloniques nommés (± 4),

  • dont 8 ouragans ( ± 3).

  • dont 4 ouragans majeurs ( ± 2).

  • Un indice ACE (Accumulated Cyclone Energy) de 141 (± 61).

La saison cyclonique se termine donc avec 13 phénomènes tropicaux comptabilisés :

  • 8 tempêtes tropicales dont une subtropicale.

  • 5 ouragans dont 4 ouragans majeurs : ERIN en août, GABRIELLE et HUMBERTO en fin septembre, puis MELISSA en fin octobre.

L’énergie cumulative des cyclones tropicaux (en anglais Accumulated cyclone energy ou ACE) est un index mesurant la puissance d’un cyclone durant son cycle de vie. Il s’appuie principalement sur la force du vent mesurée. La somme des ACE observée de chaque phénomène aboutie cette année à la valeur de 135, légèrement moins comparé à 2024 (166) mais reste supérieur à la normale climatique pour le bassin atlantique qui est de 122.

L’activité cyclonique sur l’ensemble du bassin se révèle donc inférieure à la normale avec 13 phénomènes nommés (normale 1991-2020 = 14). C’est une activité bien en dessous de la moyenne de ces 20 dernières années (18 phénomènes). L’absence étonnante de phénomènes durant le pic statistique du mois de septembre sur le bassin explique entre autres la valeur d’ACE plus faible que prévu et un nombre total de système également en deçà des prévisions.

En revanche, le ratio d’ouragans majeurs par rapport au nombre total des phénomènes est assez remarquable. 2025 connaît un pourcentage record d’ouragans devenant majeurs de 80 % contre 40 % sur les 5 dernières décennies. Bien que le nombre total d’ouragans ne soit pas énorme, les quelques-uns à s’être formés ont tous subi une très nette intensification. A noter, la formation de 3 ouragans de catégorie 5. Ce qui est tout à fait exceptionnel. Seule l’année 1995, avec 4 ouragans de catégorie 5 dépasse celui de 2025. L’année est aussi marquée par 3 ouragans à avoir subit dans leur vie une intensification extrêmement rapide de 110 km/h en 24 heures.

L’activité cyclonique s’est déroulée dans un contexte de situation ENSO neutre (pas de Nino, ni Nina) sur l’océan Pacifique, ce qui apporte peu de certitude sur l’activité cyclonique Atlantique, et sur un contexte de températures de surface de l’océan anormalement chaudes sur l’Atlantique qui favorisent l’activité. Au final, nous avons eu moins de phénomènes mais plus d’ouragans intenses.

La répartition géographique des systèmes s’est concentrée sur l’ouest de l’océan Atlantique, 3 des 4 ouragans majeurs se sont intensifiés en mer des Sargasses, entre les Grandes Antilles et les Bermudes. Une grande majorité des systèmes ont adopté une trajectoire assez similaire les faisant contourner la zone anticyclonique des Açores. La plupart des trajectoires suivies par ces phénomènes sont restées en haute mer et ont permis d’éviter des dégâts majeurs. Ce virage répété des systèmes autour de l’anticyclone des Açores est en partie responsable du calme observé en golfe du Mexique et en mer des Caraïbes de juin à octobre. Ces deux zones demeurent pourtant généralement les plus concernées par les formations de systèmes cycloniques. Finalement, le puissant ouragan MELISSA, apparu entre Hispaniola et les côtes vénézuéliennes, est cette année sur le bassin le seul ouragan de la sorte à toucher des terres habitées.

Activité cyclonique sur le bassin Atlantique durant la saison 2025

Caractéristiques de la saison

La saison a démarré le 24 juin à l’ouest des Açores pour une tempête tropicale éphémère de quelques heures ANDREA. C’est le démarrage le plus tardif depuis 2014, où le premier système ARTHUR s'était formé le 1er juillet 2014. Le flux persistant de poussière d’origine saharienne assèche l’atmosphère et laisse le début de saison au calme.

2025 connaît son premier ouragan au mois d’août avec ERIN, formé à partir d’une onde tropicale. Il est suivi à l’arrière d’une autre onde tropicale qui s’est transformée en tempête tropicale FERNAND. Cette dernière n’a pas bénéficié des mêmes ingrédients d’intensification et survivra difficilement quelques jours.

Comme l’année précédente, l’année 2025 connaît une période anormalement calme de près d’un mois, de mi-août jusqu’au 17 septembre. L’absence de naissance cyclonique à ce moment de la saison – qui est pourtant le pic traditionnel de formation – s’explique par la présence d’un air très sec sur une large partie de l’Atlantique tropical et d’une atmosphère parfois cisaillée, c’est-à-dire avec des vents de différentes directions et forces selon l’altitude qui déstructurerait toute tentative de genèse cyclonique.

Durant cette accalmie, deux ondes tropicales n°21 et n°25 sorties d’Afrique respectivement les 19 août et 31 août présentaient des potentiels de formation cyclonique, la plupart des modèles numériques de prévision s’accordaient pour une intensification progressive durant leur traversée sur l’atlantique. Mêmes surveillées par le NHC de Miami, chacune se faisait malmener par l’air sec et aucune n’a parvenu à s’organiser pendant leur trajet. Ces deux cas montrent l’importance des conditions hostiles présentes à cette époque, mal perçues par les modèles.

L’activité a repris mi-septembre avec GABRIELLE, devenu le deuxième ouragan majeur de la saison en atteignant la catégorie 4. Il a vécu en pleine mer entre les Antilles et les Açores sans toucher terre. Les phénomènes cycloniques se sont enchaînés sur cette partie de l’Atlantique avec HUMBERTO, IMELDA, JERRY, LORENZO et MELISSA. Tous sont nés d’ondes tropicales issues d’Afrique. HUMBERTO a été le deuxième ouragan de l’année à franchir la catégorie 5.

KAREN fut une très éphémère tempête subtropicale née au nord-ouest des Açores. Elle détient tout de même le record du système cyclonique à être né le plus au nord du bassin atlantique.

Le cas de IMELDA était suivi de près par les services météorologiques américains puisque c’était possiblement le 1er ouragan de la saison à frapper le sol américain. Formé dans le secteur des Bahamas, ce système optait pour une trajectoire le faisant atterrir sur les Carolines. Mais au fil des jours, sa trajectoire est subitement déroutée vers l’est à cause de la proximité de HUMBERTO, situé à seulement 750 km de IMELDA. Cette interaction entre ces deux ouragans proches témoigne un phénomène peu courant appelé effet Fujiwhara. Ce sont finalement les Bermudes le 1er octobre qui se sont retrouvées proches du passage d’IMELDA au rang de catégorie 2. Malgré les vents violents, peu de dégâts ont été constatés.

Au 21 octobre, la jeune tempête MELISSA retrouvée bloquée en plein cœur de la mer des Caraïbes a récolté tous les ingrédients pour se précipiter en troisième ouragan majeur. De catégorie 5, c’est le plus intense et le plus dévastateur de la saison et probablement de l’année 2025 (tous bassins du globe confondus).

Dès la fin octobre, les conditions atmosphériques sur le bassin Atlantique redeviennent rapidement hostiles à de nouvelles formations cycloniques. Bien que les eaux restent chaudes en particulier sur le golfe du Mexique, la mer des Caraïbes et l’ouest d’Atlantique, plus aucune onde tropicale n’est sortie d’Afrique. Des vents forts d’altitude sur tout le bassin cisaillent à nouveau l’atmosphère, les quelques amas orageux présents par endroits sur le bassin n’ont ainsi plus aucune chance de se structurer en phénomène cyclonique et le mois de novembre défile sans activité.

Chronologie des cyclones observés en 2025 sur le bassin Atlantique

Les phénomènes marquants

On retiendra l’ouragan majeur MELISSA (catégorie 5) qui aura été le système le plus impactant. Son passage sur la Jamaïque au plus fort de son intensité, avec des rafales de vent atteignant les 400 km/h, aura été catastrophique pour la partie ouest de l’île. Un des avions scientifiques américains sondant l’ouragan à dû interrompre son travail étant donné la sévérité des vents. En attendant les analyses post-saisons, il reste à ce jour le deuxième ouragan le plus intense sur l’atlantique après ALLEN en 1980. L’intensification rapide du système a été facilitée par la température de surface de la mer atteignant les 31°C en mer des Caraïbes. Le système à fait du sur-place, l’aidant à gagner de l’énergie pendant plusieurs jours mais rendant la prévisibilité très complexe. Les scénarios de trajectoires prévues étaient très disparates. Avant son passage sur la Jamaïque, l’ouragan n’a jamais connu de cycle de remplacement de mur de l’œil – phénomène souvent suivi d’une baisse temporaire d’intensité - lui permettant de conserver longtemps sa forte puissance. Il touche la Jamaïque durant la journée du 28 octobre. Le système va ensuite traverser l’est de Cuba puis les Bahamas la journée suivante. Il finira sa course au nord-est des Bermudes le 31 octobre. Hispaniola de par sa proximité géographique a reçu des pluies torrentielles répétées sur une longue période. 96 décès sont recensés dans les états impactés, dont 48 en Jamaïque et 43 à Haïti.

ERIN aura été le premier ouragan et ouragan majeur de la saison en atteignant éphémèrement la catégorie 5 au nord des Petites Antilles. Formé le 11 août, bien que simple tempête tropicale, les îles du Cap-Vert auront subit de fortes précipitations lors de son passage occasionnant 9 décès. Il devient ouragan à 600 km de la Guadeloupe et subit une intensification extrêmement rapide le faisant passer le 16 août de catégorie 1 à 5 le lendemain matin. Resté loin des terres pour le reste de son existence, c’est la houle cyclonique qui aura été le plus impactant des Petites Antilles au Canada avec 3 décès sur les côtes. Tout juste dissipé au large de l’Europe, la houle propagée aura également abordé les côtes françaises, elle fut assez médiatisée car elle était inhabituelle pour la saison.

Ouragan MELISSA le 28/10/2025 avec oeil sur la Jamaïque

Impact sur les Antilles Françaises

Deux phénomènes cycloniques ont impacté les territoires français des Petites Antilles : ERIN et JERRY.

ERIN – Ouragan catégorie 5

Sa trajectoire l’amène à moins de 200 km au nord de saint Martin le 16 août au stade de la catégorie 5. Une intensification rapide qui n’a pas été bien anticipée par les modèles cycloniques. Heureusement, les îles du nord se trouve du bon côté de la trajectoire et sont peu concernées par les vents forts. C’est un cyclone compact qui engendre de fortes précipitations proches de son centre. Les îles sont par conséquent peu touchées.

Ouragan ERIN le 16/08/2025 à 11h20 locales

JERRY– Tempête tropicale

Une onde tropicale, située sur le continent africain, atteint l'océan au cours de la journée du samedi 4 octobre au plus tard. Elle se déplace ensuite vers l'arc antillais et évolue dans un environnement favorable à une évolution en phénomène cyclonique avant ou pendant son passage au plus près des Antilles. Au final, la tempête tropicale JERRY se forme à plus de 1700 km au sud-est de la Guadeloupe le 7 octobre. Elle passe à un peu moins de 200 km de la Guadeloupe le 9 octobre et à une centaine de km à l’est des îles du Nord le 10 octobre au stade d’une tempête tropicale faible. La Désirade est la seule île française touchée par des vents de tempête tropicale (de secteur sud) avec 85 km/h de vent moyen et 108 km/h en rafales au plus fort du phénomène sur l’île. Cependant, le principal danger n’est pas le vent mais les fortes précipitations dans la partie sud du système. Cela engendre, sur la Guadeloupe, une vigilance de niveau maximal (rouge) le 10 octobre à 3h du matin. Des cumuls de précipitations atteignent les 150 à 200 mm en quelques heures sur la totalité de la Grande-Terre et de la Désirade. Une personne est décédée au Moule dans une voiture emportée par les eaux.

Activité pluvieuse observée le 10/10/2025 à 23h25 locales et générée par JERRY