Cyclone Bilan de la saison cyclonique sur l'océan Atlantique, la mer des Caraïbes et le Golfe du Mexique

Météo-france

Bilan de la saison cyclonique 2024

06/12/2024

Bien que légèrement inférieur aux prévisions, le nombre de phénomènes cycloniques observés sur le bassin au cours de la saison cyclonique 2024 confirme une activité cyclonique supérieure à la normale.

Bilan global en chiffres entre le 01 juin et le 30 novembre 2024

18 phénomènes tropicaux au total, dont :

→ 7 tempêtes tropicales

→ 11 ouragans dont 5 majeurs : RAFAEL a atteint la catégorie 3, HELENE et KIRK ont atteint la catégorie 4 et BERYL et MILTON ont été les phénomènes les plus puissants en atteignant la catégorie 5.

Remarque : une zone avait été mise sous surveillance (cyclone tropical potentiel n°8) pour un risque d’évolution cyclonique. Elle n’a toutefois pas acquis toutes les caractéristiques d’un cyclone avant d’atteindre la côte est des Etats-Unis. Elle n’est donc pas comptabilisée en tant que cyclone dans le bilan de cette saison.

L’activité cyclonique sur l’ensemble du bassin Atlantique et le golfe du Mexique se révèle donc supérieure à la normale avec 18 phénomènes nommés.

A noter que ce nombre total de phénomènes cycloniques est inférieur aux prévisions d’activité cyclonique : pour rappel, ces prévisions annonçaient un risque de formation de 19 à 27 cyclones pour la saison cyclonique 2024. Le nombre d’ouragan (11) et d’ouragan majeur (5) est par contre conforme aux prévisions d’activité cyclonique : il est largement supérieur à la normale de l’activité de ces trente dernières années. On peut noter également la part remarquable des ouragans dans l’activité cyclonique de la saison 2024 qui atteint 61 %, ce qui situe cette saison au premier rang sur les 10 dernières années devant 2017.

En terme de répartition géographique, la mer des caraïbes et le golfe du Mexique sont les zones les plus concernées avec 10 phénomènes cycloniques sur les 18 de la saison.

Ces prévisions d’activité cyclonique pour 2024 s’appuyaient sur la mise en place de La Nina au cours de la saison cyclonique et sur un contexte de températures de surface de l’océan anormalement chaudes. Au final, la mise en place du courant océanique La Nina a été retardée ce qui pourrait, en partie, expliquer que le nombre de cyclones observés sur le bassin, soit légèrement plus faible que prévu.

 

Caractéristiques de la saison

Démarrage de la saison le 17 juin dans le Golfe du Mexique, premier signal d’une saison qui s’avérera particulièrement active sur l’ouest du bassin. Trois systèmes sont recensés au cours du mois de juin (ALBERTO, BERYL et CHRIS). Au-delà du nombre important de cyclones pour un mois de juin, c’est la formation de BERYL qui fera de juin un mois exceptionnellement actif. En effet, BERYL s’est formé à l’est des Antilles, puis s’est intensifié très rapidement avant de transiter sur le sud des Petites Antilles en tant qu’ouragan majeur de catégorie 4. Cette situation est inédite et a été rendue possible par les températures de surface de la mer anormalement chaudes et des conditions atmosphériques favorables sur le sud de l’atlantique tropical à cette époque de la saison.

Juillet se caractérise par une absence de formation cyclonique, ce qui est inhabituel.

Début août, l’activité reprend temporairement avec la formation de deux ouragans (DEBBY et ERNESTO). Puis le bassin bénéficie d’une nouvelle accalmie pendant quasiment 3 semaines. A cette période de la saison cyclonique, cette seconde période d’accalmie est également inhabituelle.

Début septembre, l’activité cyclonique reprend de l’ampleur et se maintient de façon quasi continue jusqu’à la mi-novembre. Durant cette période, la région connaîtra la formation de 5 tempêtes tropicales et 8 ouragans dont seulement 3 ouragans sur l’atlantique bien à l’est de l’arc antillais avec des trajectoires très au nord aboutissant à proximité de l’archipel des Açores.

En conclusion, cette saison se singularise par un démarrage intense et précoce, une fin de saison qui s’opère tardivement en novembre, deux périodes d’accalmie statistiquement inhabituelles et un nombre important de cyclones qui ont réussi à atteindre la catégorie d’ouragan.

 

Les phénomènes marquants

C’est HELENE qui aura été le système le plus impactant alors que MILTON est le système cyclonique le plus intense de la saison.

HELENE

Son passage sur le golfe du Mexique, là où les températures de la mer étaient parmi les plus fortes, et surtout nettement plus élevées que les normales, lui a permis de s’intensifier très rapidement pour atteindre le stade d’ouragan de catégorie 4. Il touche terre sur le nord-ouest de la Floride durant la nuit du 26 au 27 septembre alors que les vents moyens maximums sont estimés à 225 km/h. Le système va ensuite traverser le nord de cet état puis va se diriger vers la Géorgie et enfin vers le Tennessee. Lors de son parcours sur les terres américaines, les vents vont rapidement baisser. Toutefois HELENE va générer de très forts cumuls de pluie sur son passage.

HELENE a occasionné le décès de 232 personnes aux États-Unis, ce qui fait d’HELENE le second cyclone le plus meurtrier depuis 50 ans (KATRINA reste le cyclone le plus meurtrier). Le coût des dégâts est estimé à 160 milliards de dollars américains.

MILTON

A son pic d’activité le lundi 7 octobre, les vents moyens maximaux ont atteint 285 km/h et la pression au centre du système a chuté à 897 hPa. A ce moment là, MILTON longe le littoral nord de la Péninsule du Yucatan. Ensuite il s’éloigne de cette région en prenant un virage vers le nord-est en se dirigeant vers la Floride. Sur ce trajet, MILTON va rencontrer des conditions atmosphériques moins favorables à son évolution et il va s’affaiblir avant d’atteindre les côtes américaines. Il abordera la Floride durant la nuit du 9 au 10 octobre en tant qu’ouragan de catégorie 3. A ce moment là, les vents moyens maximuns sont estimés à près de 195 km/h. Lors de son parcours, MILTON a occasionné 26 morts (Etats-Unis et Mexique). Le coût des dégâts est estimé à 50 milliards de dollars américains.

 

Et sur l’arc antillais, et en particulier les territoires français ?

Deux phénomènes ont impacté les territoires français sur les 8 phénomènes cycloniques qui ont concerné le bassin atlantique.

BERYL

Il est le premier cyclone ayant réussi à atteindre le stade d’ouragan de catégorie 4 à l’est des Antilles aussi tôt dans une saison cyclonique (le 30 juin 2024). C’est également l’ouragan de catégorie 5 le plus précoce jamais observé sur tout le bassin. Pour finir il s’est intensifié à une vitesse particulièrement rapide (42 h pour passer du stade de dépression tropicale à celui d’ouragan majeur).

Issue d’une onde tropicale sortie d’Afrique le 25 juin, à une latitude plus sud qu’habituellement, cette onde tropicale finira par atteindre le stade de dépression tropicale le 28 juin en fin de journée, soit à environ 2 000 km à l’est des Petites Antilles. Le système va évoluer vers l’ouest-nord-ouest, à une latitude très sud, et va bénéficier de conditions atmosphériques et océaniques favorables à une intensification. En conséquence BERYL va très rapidement atteindre le stade d’ouragan majeur de catégorie 4 avant de transiter sur les Grenadines au cours de la nuit du 30 juin au 1ère juillet. L’oeil de BERYL passsera directement sur l’île de Carriacou. Une fois en mer des Caraïbes, BERYL atteindra très rapidement le stade d’ouragan de catégorie 5. Peu de temps avant d’atteindre la péninsule du Yucatan, BERYL va s’affaiblir. Il atteindra le nord de cette région au stade d’ouragan de catégorie 2. Une fois dans le Golfe du Mexique, BERYL fera un virage vers le nord et finira par atteindre les côtes du Texas en tant qu’ouragan de catégorie 1.

Dans un premier temps, les prévisions indiquaient un risque de vents moyens maximums de 90 km/h sur le sud de la Martinique, ce qui a valu à ce département un déclenchement de la vigilance jaune cyclone. Puis lors de son approche, ce risque de vents de 90 km/h est rapidement exclu pour la Martinique. En conséquence, la vigilance cyclonique est remplacée par une vigilance multi-paramètres (vents violents, fortes pluies et vagues submersion). Avec un passage de BERYL à plus de 200 km au sud de la Martinique, c’est le risque de vagues-submersion pour les littoraux sud et caraïbe de la Martinique qui était particulièrement important. En conséquence, le niveau orange a été déclenché pour ce paramètre. En effet BERYL a généré une forte houle qui a occasionné de nombreux dégâts sur ces littoraux (bateaux échoués, rues et structures situées en bord de littoral submergées et des habitations qui ont du être évacuées).

Cette forte houle s’est propagée jusqu’en Guadeloupe en provoquant également de nombreux dégâts sur la côte sud de la Basse-Terre et des ruptures d’amarrage de plusieurs bateaux de plaisance. Cette houle est arrivée sous une forme plus atténuée jusqu’à Saint-Martin et Saint Barthélémy .

ERNESTO

Issue d’une onde tropicale sortie d’Afrique, le système a été mis sous surveillance le 8 août pour un risque d’évolution cyclonique. Le système est ensuite nommé PTC n°5 (« Potential Tropical Cyclone ») le dimanche 11 août en soirée. Il est alors situé à environ 1500 km à l’est de l’arc. Les premières trajectoires indiquent un passage du centre sur le nord de l’arc antillais entre la Guadeloupe et Saint-Vincent au stade de tempête tropicale. Le sytème tardera à acquérir toutes les caractéristiques d’un cyclone et sera finalement nommé en tempête tropicale le 12 août, soit moins de 12h avant son passage sur la Guadeloupe.

En passant sur la Guadeloupe, Ernesto est associé à de fortes pluies qui vont générer des cumuls dépassant 100 mm en 3h, justifiant un passage en vigilance rouge pour cet aléa. Ces fortes pluies sont accompagnés de vents violents et d’une une forte houle qui impactera des côtes déjà endommagées par BERYL en début de saison.

Après son passage sur la Guadeloupe, Ernesto va connaitre une trajectoire orientée vers le nord-ouest pour passer au large de Saint-Martin et Saint-Barthélémy, à moins de 60 km de distance. Avant son passage au plus près de ces territoires français, il va atteindre le stade de tempête tropicale forte. ERNESTO générera de fortes rafales sur Saint-Martin et Saint-Barthélémy avec des valeurs qui atteindront les 134 km/h.

Par la suite, ERNESTO longera Porto-Rico en passant au stade d’ouragan de catégorie 2 puis se dirigera vers les Bermudes. Il touchera cet archipel en tant qu’ouragan de catégorie 1. Il finira par s’éloigner vers le nord-nord-est pour entreprendre sa transition post-tropicale.

Plus d’information sur Ernesto : https://meteofrance.gp/fr/actualites/les-effets-de-la-tempete-tropicale-ernesto-sur-nos-iles.

 

Image satellite d'ERNESTO