Cyclone Activité cyclonique 2023

Météo-France

Bilan de la saison cyclonique 2023

30/11/2023

Bilan de la saison cyclonique 2023 sur notre bassin – Que retenir pour les îles françaises ?

Bilan global en chiffres entre le 01 juin et le 30 novembre

Sur notre bassin, 21 phénomènes tropicaux ont été observés au total, dont :

→ 1 système tropical potentiel (nr22)

→ 1 dépression tropicale (nr21)

→ 12 tempêtes tropicales

→ 7 ouragans dont 3 ouragans majeurs.

Les 3 ouragans majeurs sont : FRANKLIN et IDALIA, tous deux de catégorie 4, et LEE qui a réussi à atteindre très temporairement la catégorie 5.

Remarque : un système avait été identifié comme dépression subtropicale au cours du mois de janvier. En le comptabilisant, ce sont donc 22 systèmes pour l’ensemble de l’année 2023.

L’activité cyclonique sur l’ensemble du bassin Atlantique et le golfe du Mexique se révèle donc supérieure à la normale avec 20 phénomènes nommés, et c’est ce qui avait été annoncé. A noter toutefois que le nombre d’ouragan (7) et d’ouragan majeur (3) reste dans la normale de l’activité de ces trente dernières années. Ces prévisions d’activité cyclonique pour 2023 s’accompagnaient d’une forte incertitude, car les deux principaux contributeurs, à savoir la phase El Nino et les températures de surface de l’océan agissaient en sens inverse. Au final, on voit que ce sont les températures de surface de l’eau, souvent supérieures de 2 à 3 degrés aux normales, qui l’ont emporté pour que 2023 soit une saison active, dans la lignée de toutes les saisons précédentes depuis 2016.

Caractéristiques de la saison

Démarrage de la saison dès le jour officiel, c’est-à-dire le 01 juin. On recense trois systèmes au cours de ce mois de juin, ce qui fait de juin un mois exceptionnellement actif. Il faut remonter à 1968 pour trouver 3 systèmes nommés au mois de juin. Ce qui est également exceptionnel, et c’est même inédit, c’est la formation de systèmes à l’est des Antilles (BRET et CINDY) en juin, ce qui a été rendu possible par les températures de surface de la mer très chaudes.

Juillet ne se caractérise que par un seul système, DON, qui évolue à une latitude plutôt élevée pour un début de saison, et qui arrivera malgré tout à devenir le premier ouragan de la saison.

Il faut ensuite attendre mi-août, période plutôt statistiquement classique, pour que l’activité prenne de l’ampleur, et se maintienne de façon quasi-continue jusqu’à la fin du mois d’octobre.

 

Les phénomènes marquants

C’est IDALIA qui aura été le système le plus impactant. Son passage sur le golfe du Mexique, là où les températures de la mer étaient parmi les plus fortes, et surtout nettement plus élevées que les normales, lui a permis de s’intensifier très rapidement pour atteindre la catégorie 4 de l’ouragan. Il touche terre au nord-ouest de la Floride alors que les vents moyens maximums sont estimés à 205 km/h. Le système va traverser le nord de cet état en s’affaiblissant rapidement, puis concerner le sud de la Géorgie avant de continuer sa vie en Atlantique en circulant non loin des Bermudes. IDALIA a occasionné le décès de 3 personnes, ainsi que plusieurs milliards de dollars de dégâts.

LEE est le système le plus intense de la saison. Il s’agit du quatrième ouragan ayant réussi à atteindre la catégorie 5 à l’est des Antilles, après Hugo en 1989, Irma et Maria en 2017. Heureusement, LEE n’a touché aucune terre.

Et sur l’arc antillais, et en particulier les territoires français ?

Trois phénomènes ont directement menacé les territoires français des Antilles : BRET, PHILIPPE et TAMMY.

La tempête tropicale BRET

Il s’agit du système le plus précoce ayant traversé l’arc antillais. Issue d’une onde tropicale forte en sortie d’Afrique, le système s’est intensifié pour devenir une tempête tropicale 2000 kilomètres à l’est des Antilles. BRET a conservé une trajectoire globalement orientée vers l’ouest et a menacé directement la Martinique lors de son approche de l’arc, alors que le système était une tempête tropicale forte avec des vents moyens maximums de 110 km/h, ce qui a valu à ce département de déclencher la vigilance rouge cyclone. Peu avant son passage sur l’arc, BRET a bifurqué vers le sud-ouest pour finalement passer sur le nord de l’île de Saint Vincent. Les effets les plus importants n’ont donc pas concerné la Martinique, mais des rafales proches de 100 km/h sur le sud ont été mesurées, et jusqu’à 140 km/h sur le relief. L’état de la mer s’est également fortement dégradé, et des vagues de 5 à 6 mètres en hauteur moyenne, jusqu’à 10 mètres en hauteur maximale ont été enregistrées par le houlographe de Sainte Lucie.

La tempête tropicale PHILIPPE

Il s’agit d’un système qui s’est formé peu après l’archipel du Cap Vert, et qui est resté ensuite au stade de tempête tropicale. Quelques jours avant son approche de l’arc antillais, PHILIPPE s’est retrouvé à proximité d’un autre phénomène (RINA) qui a grandement perturbé sa trajectoire. Les interactions entre les deux systèmes ont complexifié la gestion de PHILIPPE, et la remontée attendue vers le nord a été très retardée. Le système a circulé sur l’île de Barbuda et à proximité immédiate de Saint Martin et Saint Barthélémy. PHILIPPE s’accompagne d’une zone pluvio-orageuse loin dans sa partie sud. Les pluies observées atteignent 130 mm sur la Martinique qui est passée en vigilance orange fortes pluies. C’est surtout la Guadeloupe qui va être fortement touchée dans la soirée du 02 octobre. La vigilance rouge est déclenchée alors qu’on observe sur le sud de la Basse Terre une valeur exceptionnelle de 115 mm en une seule heure. En 3 heures, ce sont des valeurs voisines de 300 mm qui sont mesurées ou estimées sur les communes de Vieux-fort et des Saintes.

A Saint Martin et St Barthélémy, le 3 octobre, les cumuls de pluies avoisinent les 35 mm en 1 h et jusqu’à 85 mm en 12 h. Les deux îles françaises avaient été placées en vigilance orange pour fortes pluies et orages, vent fort, vagues et submersions.

Plus d’information sur PHILIPPE : https://meteofrance.gp/fr/actualites/les-effets-de-la-tempete-tropicale-philippe-en-guadeloupe-et-aux-iles-du-nord

La tempête tropicale TAMMY

Il s’agit d’un ouragan de catégorie 1 lorsqu’il s’approche de l’arc antillais. Un peu comme PHILIPPE, la trajectoire de TAMMY est prévue tourner vers le nord avant l’atteinte de l’arc. Ce sont à nouveau les îles du Nord des Antilles qui sont les plus exposées. Là encore, le virage vers le nord prend du retard, et son centre passe à 65 kilomètres à l’est de la Martinique qui est passée en vigilance orange pour les fortes pluies et les vagues-submersion. L’ouragan traverse ensuite l’île de la Désirade en occasionnant des vents de l’ordre de 150 km/h, et des pluies qui dépassent les 200 mm sur le sud de la Basse terre, soit la même zone touchée 20 jours plus tôt par PHILIPPE. Le passage du centre de TAMMY sur la Guadeloupe a valu à cet archipel de monter jusqu’au niveau violet de la vigilance cyclone. Saint Martin et Saint Barthélémy, en prévention d’un passage du centre de l’ouragan au plus près, sont montés au niveau rouge de la vigilance cyclone. Sur ces territoires heureusement, les effets ont été bien moindres.

Plus d’information sur TAMMY sur : https://meteofrance.gp/fr/actualites/les-effets-de-louragan-tammy-en-guadeloupe-et-aux-iles-du-nord